VERSION FRANCAISE

« Votre lumière se lèvera dans les ténèbres, et vos ténèbres deviendront comme le midi. » (Esaïe 58:10)

Chers Amis,

Meilleurs vœux ! Que votre voyage en 2024 soit placé sous le signe de la créativité, du renouveau et de l’amour. L’Épiphanie est arrivée… alors suivons nous aussi l’étoile du Berger ! J’ai peint la lune l’autre soir. Mon aspiration est de peindre ce que je ne peux pas voir. En attendant le mystère. Celui-ci est toujours un cadeau et toujours imprévu. J’ai peint le soleil qui se couchait derrière la colline lointaine, rendant le ciel cramoisi. Les pins se balançaient de leurs masses sombres, comme s’ils applaudissaient la fin du spectacle et tiraient leur chapeau à la lumière rouge carmin qui faisait briller par endroits l’obscurité. J’ai été transportée au-delà de moi-même dans leur danse, célébrant la lumière dorée. Puis, je me suis retournée pour regarder vers l’est. Devant moi se trouvait la plus lumineuse et la plus belle des lunes. Parfaitement ronde. Sa lumière mystérieuse m’englobait, avec tout ce qui se trouvait devant moi. J’ai repris une autre toile et la danse a commencé. Les coups de pinceau venaient d’eux-mêmes. Je ne voyais rien. Je connaissais les notes de couleur de ma palette et mes pinceaux s’y rendaient librement. Le mystère de l’expérience s’est répandu sur la nouvelle toile. Une épiphanie.

En rentrant de ma tournée d’automne, je contemple la tâche qui m’attend : la tâche colossale de cueillir les olives de mes 24 oliviers. Les olives se balancent aux branches, suspendues à leurs tiges, comme des décorations d’un sapin de Noël. Elles m’attendent. Au début, la mission me semble insurmontable. Puis une voix intérieure me dit : “Courage et commence.” En haut des oliviers, en cueillant sans réfléchir et en laissant les olives tomber dans le filet en dessous, mon âme est ravivée. Dans la solitude de la cueillette, mes pensées vagabondent. Je pense aux cinq semaines passées en Amérique, en octobre et novembre derniers, et à ma tournée de printemps du mois de mars. Je revois les ateliers en Provence, où chacun gravit une montagne à l’intérieur de soi, y compris moi et peut-être même Serge. Je pense à tous les invités des tours Tauck qui viennent le lundi et qui, pour un bref moment, entrent dans mon monde. La générosité de chacun d’entre vous est présente dans mon cœur. Et je vous en suis reconnaissante.

De nombreuses personnes nous ont demandé de nouvelles de nos tournées. Ces tours de cinq semaines, dans huit villes, qui comprennent des expositions, des ateliers, des présentations et des démonstrations de peinture, sont de véritables marathons et des chefs-d’œuvre de logistique. Mon équipe avec Sergio, Jimmy, et Kim, et l’assistance de Hayley en France, est efficace et dynamique. Néanmoins, les déboires ne sont pas exclus. Comme lors de notre atterrissage à Atlanta le 5 octobre, où nous sommes arrivés sans bagages, sans voiture de location (prépayée) et sans service de téléphone. Un tel départ nous a rendus humbles et c’était exactement ce qu’il nous fallait pour remettre les commandes à Celui qui prend soin de nos moindres besoins. « Car à ses anges, il donnera des ordres à ton sujet pour qu’ils te protègent sur tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » (Psaumes 91 :11-12). C’est la preuve des forces invisibles qui nous guident. Au printemps dernier, il manquait un membre à notre équipe : Sergio est tombé malade juste avant notre départ. À notre retour, nous nous sommes retrouvés et Sergio s’est lentement remis tout au long de l’été. Il est aujourd’hui complètement rétabli. Il était avec nous lors de notre tournée d’automne. Son énergie est revenue.

Ce fut une année importante pour Jimmy. Il a réalisé un documentaire sur Léo Marchutz qui a été retenu dans les sélections officielles des festivals de films européens et internationaux. Il s’agit du premier de trois documentaires sur la vie et l’héritage de Léo. Ce premier film, intitulé Léo Marchutz et la Lithographie, a été présenté en avant-première lors d’une conférence à Dallas en mars et a fait l’objet de plusieurs projections à Aix-en-Provence. Ce film et son premier long métrage documentaire, intitulé Painting the Invisible, sont désormais disponibles sur YouTube.

De ce côté-ci de l’Atlantique, la vie continue avec les ateliers de peinture. Il y a tant de souvenirs inoubliables : la visite du Château Noir, peindre chez Caroline et Hubert, danser sur le galoubet (flûte provençale) joué par Jean et être emporté par la musique des True Ones, le groupe de Hayley. Après une semaine complète de peinture, où l’on s’est fait de nouveaux amis, l’air, la lumière, les rires, la nourriture, la musique, l’amour partagé, forment un tout qui reste au-delà des mots. (Voici un lien vers mon blog, au sujet des stages de peinture)

Alexander et Emmanuelle (alias Bella Hunt & DDC) poursuivent leur art avec Southway Studio à Marseille au Pavillon Southway. Alexander a réalisé trois magnifiques pièces en céramique pour le Pape François lors de sa visite à Marseille le 22 septembre 2023, la première visite d’un pape à Marseille depuis 500 ans.

Chers amis, le lendemain du jour où j’ai écrit cette lettre, j’ai reçu une nouvelle qui a tout changé. Le 3 janvier, ma sœur Helen (62 ans) a été victime d’une attaque cérébrale massive sans aucun signe avant-coureur puis, elle est tombée dans le coma. Ma nièce Stella Dijol (26 ans), mon neveu Elliot Dijol (30 ans), le compagnon d’Helen, Christopher Carsten, et moi-même avons été à ses côtés tous les jours au cours des deux semaines suivantes. Jusqu’à ce qu’elle nous quitte dans la soirée du 19 janvier. Elle paraissait si paisible et si angélique dans son sommeil, comme si elle était dans un cocon, en attendant de devenir un papillon. Je me sens tellement privilégiée d’avoir été à ses côtés alors qu’elle luttait pour quitter ce cocon et s’envoler. Je ne l’oublierai jamais. Mon cœur est en paix.

Helen Steenhuis, poète, est née le 16 juillet 1961 et décédée le 19 janvier 2024. Elle est née et a grandi à Atlanta et vivait à Aix-en-Provence depuis 1981.

Voici un vers de son poème : « Oiseau sans vol »

Quand, je me demande,
Reviendra la voix
Et que dira-t-elle ?
J’ai vu la tragédie
De l’oiseau sans vol.

Merci de vos prières et de vos paroles de réconfort, qui sont un baume pour mon âme.

Avec toute mon affection,